Groupe de parole du vendredi 20 juin 2025

Le groupe de parole se retrouve ce soir pour la seconde fois auprès notre nouvelle psychologue Mme Cuillier. Nous sommes tous ravis de nous retrouver après ces trois mois écoulés. C’est toujours l’occasion avant tout de prendre des nouvelles de chacun.

Nous sommes trois couples présents ce soir accompagnés de Mme Cuillier.

Cette dernière commence par remercier le groupe d’avoir pu décaler la séance, cela ne pose de souci à personne, nous nous retrouverons désormais les vendredis, une fois tous les trois mois.

Mme Cuillier débute la séance en questionnant les différents membres du groupe sur les attentes vis-à-vis d’elle : Est-ce que la dernière séance a été satisfaisante pour nous ? Qu’attendons-nous précisément de cet accompagnement ?

C’est alors l’occasion pour chaque couple de définir ce qu’il attend du groupe, nous sommes tous ouverts à ce que nous propose la psychologue, il s’agit avant tout pour les membres d’un accompagnement dans la gestion de cette attente post-agrément.

Suite à nos échanges lors de la dernière séance, Mme Cuillier nous informe s’étonner de la « formation » assez complète des couples agrées. Nous l’informons que cela est tout de même bien différent des professionnels de la petite enfance, même si nous nous informons beaucoup, l’objectif n’est aucunement de devenir des professionnels. En revanche, se préparer à la parentalité adoptive est indispensable durant cette étape post agrément.

Il est vrai que nous pouvons parfois sentir en ce point un décalage avec notre entourage proche ou la famille élargie qui elle ne détient bien souvent pas autant de ressources sur ce qu’est la parentalité adoptive. Il est aussi de notre rôle de les préparer.

Un couple mentionne qu’il est tout de même intéressant d’échanger avec les parents autour de nous : cela permet aussi de se préparer et de se questionner sur sa future parentalité au sein du couple.  Discuter avec des personnes qui sont déjà parents peut être très enrichissant.

L’adoption est un projet de vie, même s’il est nécessaire de s’informer tout au long du processus, garder sa spontanéité est important. Il ne s’agit pas d’être conditionné.

Cela peut parfois nous sembler paradoxal car rester acteur est au cœur de l’attente et nous devons dans un même temps apprendre à lâcher prise. Mme Cullier nous fait alors comprendre la difficulté de ces sentiments qui peuvent se montrer paradoxaux.

Dans tous les cas, une fois que la parentalité devient « réelle », on se laisse aller dans cette parentalité et le lâcher prise vient bien souvent spontanément.

Après quelques échanges autour du lâcher prise, nous évoquons plus en détail l’enfant adopté, ses spécificités et comment se positionner en tant que futur parent vis-à-vis de cela.

Même s’il s’agira toujours d’un enfant a besoin particulier en lien avec cet abandon, il s’agit d’un enfant avant tout. De plus, aujourd’hui, le dialogue s’ouvre sur les enfants avec spécificités, les professionnels de la petite enfance sont également mieux formés.  Le rôle du parent est de se rendre disponible pour se montrer responsable. Être à l’écoute des besoins de son enfant adopté est primordial. Ses émotions sont souvent évocatrices de beaucoup si on est à son écoute. Il n’est pas forcément nécessaire d’être toujours dans le « tout sécure », cela peut aussi mettre une certaine pression inutile. Chacun apprend de ses erreurs.

L’enfant va souvent chercher qui est l’adulte en face de lui, il ressent ses émotions. Il s’intéresse aux émotions que va vivre l’adulte car lui aussi est un être d’émotion, un être d’émotion en devenir. L’enfant va apprendre beaucoup de ses adultes référents.

Le groupe se questionne ensuite sur les questions suivantes :

Comment gérer les questions d’autrui, la stigmatisation et les questions hâtives ?

La psychologue nous rassure. Parfois les adultes ont tendance à tirer des conclusions trop rapides sur ce qui n’est en réalité pas réel : par exemple un enfant dont la scolarité serait difficile et dont les parents seraient séparés. Nous pourrions penser que ces deux faits, entrent en corrélation ce qui n’est pas toujours le cas. Le lien de causalité n’est pas toujours si évident et chaque situation est singulière.

Il faut garder à l’esprit que dans tous les cas des questions feront surface et que malgré notre préparation à la parentalité adoptive nous ne pourrons pas tout anticiper. Il faut se faire confiance avant tout et toujours garder à l’esprit que la communication sera indispensable tout en gardant en tête que les besoins de l’enfant demeureront toujours la priorité.

Même une fois parent, l’aventure humaine doit primer, on ne peut tout apprendre dans les livres.

Nous abordons ensuite la question de l’actualisation car l’un des couples du groupe vient de rencontrer il y peu les professionnels de l’ASE à ce sujet.

Nous expliquons alors à Mme Cullier que durant la validité de leur agrément, les postulants doivent chaque année écrire une lettre au département indiquant leur souhait de maintenir leur projet. Nous avons ensuite la chance (ce n’est pas le cas dans tous les départements) de rencontrer les professionnels qui nous suivent afin de faire le point sur cette année écoulée : changements dans la vie personnelle, évolution ou non du projet, comment nous avons fait vivre notre projet durant l’année ect …

Ces rendez-vous permettent réellement de rythmer l’attente.

De plus, durant ces rendez-vous, le rôle des professionnels de l’ASE est de nous aider à bien identifier notre projet avec un focus sur les besoins de l’enfant. On ne cherche pas un enfant à des parents mais l’inverse. Nos parcours de vie sont riches et les entretiens nous ramènent parfois à de beaux souvenirs.

Nous abordons ensuite la question du lien. Répondre aux besoins de son enfant c’est avant tout prendre soin de lui. C’est ainsi que le lien va alors petit à petit se créer. Dans tous les cas, l’enfant a besoin d’être dans le lien. La séparation implique le lien, sinon il s’agit d’une rupture. C’est en se liant que l’on se détache, en effet la rupture est différente de la séparation. On permet à son enfant de retrouver des liens sécures, or au début l’enfant va avoir peur que cela s’arrête. Il peut donc être amené à mettre de la distance, à résister à créer ce lien.

Pour lui : se lier = dangereux

Le rôle du parent va donc être d’accompagner, de se montrer résilient et patient. L’enfant adopté a déjà vécu plusieurs ruptures, son attachement sera donc indéniablement plus complexe.

Le parcours peut nous aussi en tant qu’adulte venir remettre des émotions à la surface et nous bouleverser, c’est normal. Nous avons dans tous les cas chacun un modèle d’attachement qui nous est propre en fonction de notre vécu personnel.

Le lien c’est comme un tissage, il reste là une fois qu’il est installé s’il n’y a pas eu de rupture : c’est comme lorsque l’on revoit une personne des années sans l’avoir vue, la complicité revient souvent de suite, comme si on ne l’avait jamais quittée !! Le lien est tissé, construit.

Nous faisons ensuite référence à la dernière conférence de Mme Johanne Lemieux à ce propos : « Nous avons tous des mines, s’en détacher le plus tôt possible sera le mieux ! ». Si on ne les fait pas sauter avant l’arrivée de l’enfant, il s’en chargera.

Nous faisons ensuite une transition avec les éventuelles futures questions de l’enfant. Mme Cuillier nous rappelle que s’il est important de s’y préparer, il ne faudra en aucun cas les anticiper. Il sera important de mettre notre propre culpabilité de côté lorsque nous répondons à ses questions, il ne faut pas se précipiter et répondre à ce besoin de lui parler de tout tout de suite. C’est l’enfant qui donne le rythme. Il n’y a pas de protocole pour parler à un enfant, il faut accepter que certaines choses nous échappent et il faut savoir le reconnaitre. C’est aussi faire preuve d’humilité. L’enfant peut aussi mener sa barque tant qu’il en a envie, tant qu’il ne se sent pas prêt (exemple du père noël dont beaucoup d’enfants se refusent à ne plus y croire …).

Nous abordons ensuite la question de la dénomination de la mère biologique. Mme Cuillier nous informe qu’il n’y a pas de réponse universelle à cela. Il est simplement important de bien rester factuel, de ne rien inventer ou encore d’enjoliver son vécu. Si on ne sait rien, on ne dit rien. Les suppositions peuvent faire très mal dans l’imaginaire de l’enfant.

Il est important de ne pas projeter sur l’enfant notre propre niveau de maturation et ce que nous mettons derrières les scènes de son vécu. Cela reste son histoire de vie.

Lorsque le lien est correctement mis en place, on sait lorsque l’on peut aborder les choses avec l’enfant, il faut savoir se faire confiance.

Les questions de l’enfant peuvent parfois amener de multiples émotions chez l’adulte. Il ne faut pas oublier que les enfants sont souvent dans l’instant présent. Il est également possible de dire à l’enfant que l’on a entendu sa question mais que ce n’est pas encore le moment d’y répondre. L’écouter est en revanche indispensable. Souvent, ils attendent des réponses simples. L’être humain dispose d’une très grande adaptabilité, l’aboutissement est de savoir comment aider notre enfant à faire de ce parcours un parcours de vie ?

Pour finir, nous évoquons la temporalité dans ce temps de préparation à la parentalité adoptive. Cette temporalité est importante dans la gestion de l’attente. Nous avons tous un fonctionnement qui peut évoluer, il est important de le conscientiser. Apprendre à se faire confiance, et parfois à laisser venir le doute fait partie du processus. On apprend beaucoup de généralités, mais les conseils sont à adapter à chacun et selon chaque enfant.

Accepter le risque et la prise de risque avec l’enfant fait également partie du parcours : on ne peut l’éviter tout comme on ne maitrise pas tout dans la vie. Encore une fois, nous faisons ici référence à la conférence sur l’attachement de Mme Johanne Lemieux. Notre société nous transpose beaucoup de théorie mais on ne peut appliquer des schémas partout, c’est à nous de créer notre propre histoire et là encore à lâcher prise pour vivre l’instant.

Nous recevons les mêmes connaissances mais nous n’en ferons pas tous la même chose, ceci est valable pour une multitude d’exemples… Nous devons toujours garder l’impulsion et la foi du côté du vivant, tout en acceptant de l’aide, ainsi nous avancerons toujours !

Afin de terminer la séance, la psychologue propose à ceux qui le souhaitent de résumer en un mot leur ressenti face à tout ce qui a été dit ce soir. Les mots naturel et paradoxe, entre autres, sont évoqués.

Nous remercions Mme Cullier pour ces riches échanges.

Natacha et Kevin

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